29 avr. 2010

26 avr. 2010

21 avr. 2010

17 avr. 2010

11 avr. 2010

8 avr. 2010

Mon coeur : radioscopie





























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Mon cœur repu de tout est un vieux corbillard
Que traînent au néant des chevaux de brouillard.

Prométhée et vautour, châtiment et blasphème,
Mon cœur est un cancer qui se ronge lui-même.

Mon cœur est un bourdon qui tinte chaque jour
Le glas d'un dernier rêve en allé sans retour.

Mon cœur est un gourmet blasé par l'espérance
Qui trouve tout hélas! plus fade qu'un lait rance.

Mon cœur est un noyé vidé d'âme et d'espoirs
Qu'étreint la pieuvre Spleen en ses mille suçoirs.

Mon cœur est une horloge oubliée à demeure
Qui bien que je sois mort s'obstine à sonner l'heure.

Mon cœur est un ivrogne altéré bien que saoûl
De ce vin noir qu'on nomme universel dégoût,

Mon cœur est un terreau tiède, gras, et fétide
Où poussent des fleurs d'or malsaines et splendides!

Mon cœur est un cercueil où j'ai couché mes morts...
Taisez-vous, airs jadis chantés, lointains accords!

Mon cœur est un tyran morne et puissant d'Asie,
Qui de rêves sanglants en vain se rassasie.

Mon cœur est un infâme et louche lupanar
Que hantent nuit et jour d'obscènes cauchemars.

C'est un feu d'artifice enfin qu'avant la fête
Ont à jamais trempé l'averse et la tempête.

Mon cœur.... Ah! pourquoi donc ai-je un cœur ? Ah! pourquoi
Ma vie et l'Univers ? la Nature et la Loi ?


Jules Laforgue : Litanies de mon triste cœur
 
 
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7 avr. 2010

Les soucis de traverses


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Nous arrivions. La maison était là et le tilleul derrière le jardin me tendait déjà toutes ses feuilles de l’été qui venait à venir. Pourtant nous n’étions qu’en avril, ma mère venait de mourir et tous les paysages étaient si tristes de cette envie de partir. Mais de voir la maison et d’être là avec Joseph qui me ramenait, c’étaient mes larmes sur la vitre qui se battaient contre la pluie. J’étais presque heureuse parce que je rentrais chez moi.
Je pensais à tous ces soucis de traverses et de qui pourrait encore les reconnaître, je pensais à ça, je m’efforçais de penser à ça parce que j’avais trop envie de pleurer ma mère, et tous, et tout m’aidait sans vraiment me consoler.
Ce ne fut que quelques années plus tard, quand Xavière, qui pilotait un audit sur les attaques de traverses dévorées par les esprits, vint nous rendre visite dans notre petite gare, que je compris que je pouvais redevenir amoureuse des trains, même sans arbre, même sans gare, et même sans rail.




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3 avr. 2010